CAPJPO 23/11/02
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Dans cette diffusion :

* Rencontre israélo-palestinien à la Sorbonne organisée par la Capjpo (Web: www.paixjusteauproche-orient.asso.fr )

* Notes sur la conférence de la CAPJPO du 7 novembre

I - RENCONTRE ISRAELO-PALESTINIENNE LE 26 NOVEMBRE A LA SORBONNE
 

Notre association, CAPJPO, organise une rencontre israélo-palestinienne sur le
thème : "Une paix juste est-elle encore possible ?" Mardi 26 novembre à 20 H , à l'amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne : 17, rue de la Sorbonne - 75005 Paris. (M° Cluny ou RER Luxembourg).

Parmi les intervenants, seront présents Jeff Halper, fondateur en Israël de l'association
contre la démolition des maisons palestiniennes, Tanya Reinhart, universitaire israélienne,
auteur de « Détruire la Palestine », Amer Abdelhadi, directeur de Radio Tariq Al Mahabbeh à Naplouse, Abdelfattah Abu Srour, animateur de la troupe théatrale du camp d'Aïda, près de
Béthleem, et Amal Khreisheh de Ramallah, fondatrice d’une association pour les droits des femmes palestiniennes (Palestinian Women Workshop).

Etant donné le coût élevé de la prise en charge du voyage de ces intervenants,
nous demanderons une contribution de 5 euros à l'entrée du meeting.

Ceux à qui cette participation pose problème (jeunes, chômeurs...) donneront ce qu'ils peuvent.

Merci d'en parler autour de vous et de vous inscrire en laissant vos coordonnées à info@paixjusteauproche-orient.asso.fr


II - Notes sur la conférence de la CAPJPO du 7 novembre

Soirée conférence-débat "

 La Palestine, en quoi cela me concerne ? "

organisé par la CAPJPO le 7 novembre

à l’université Pierre et Marie Curie – Paris

Notes prises par Corinne GRASSI,

militante Strasbourgeoise

Eyal Sivan : cinéaste israélien – 5 films disponibles en vidéo- vivant en France, rentre de 3 mois passés en Israël. Il a tenté de donner son impression sur où va Israël aujourd’hui, comment il voit la société israélienne juive aujourd’hui.

Il n’est pas optimiste et ne sait pas comment on pourrait l’être dans la situation actuelle. Après 3 mois sur place il est réaliste. Ce qui est frappant en Israël aujourd’hui c’est un sentiment de pensée " unilatérale ", de fatalité que ça ne s’arrangera jamais. Le thème du " transfert ", c’est-à-dire la déportation des Palestiniens semble être banalisé.

Partout dans les rues on trouve des panneaux imprimés bleus et blancs qui disent " transfert = paix et sécurité ", " pas d’Arabes, pas d’attentats ". Alors dans ce sens il y a un optimisme dans la société qui pense qu’un jour on en aura fini avec 1948. ce " transfert " a déjà une traduction concrète. Les déplacements internes de populations font que " Tel Aviv est la seule ville occidentale où on ne rencontre pas d'Arabes ". C’est donc déjà une étape acquise.

La " gauche s’est réveillée ". Elle rêve de se réveiller un matin et qu’ils ne seront plus là. Le débat technique sur le transfert, sa réalité, sa faisabilité, est secondaire.

Aujourd’hui il n’y a plus besoin de justifier quoique ce soit dans la société israélienne juive puisque la majeure partie de la population ne sait pas ce qu’il se passe. La question palestinienne n’intéresse pas la vie quotidienne des juifs en Israël. La télévision, la radio n’en parle plus. Les israéliens sont menacés de prison si ils vont dans les territoires. Une alliance politique objective ne changera rien puisque dans la mentalité la situation est telle qu’elle est, que la pensée se fait en terme de rapports de force. Les années Sharon-Pérès n’ont servi qu’à démolir la gauche, qu’à réinjecter dans la société les idées d’apartheid et/ou de transfert. Même si le transfert n’est pas possible d’un bloc, le mur qui se construit a déjà entraîné un transfert avec des villages palestiniens, maintenant en Israël, qui sont encerclés. La population palestinienne israélienne restera discriminée juridiquement et socialement. Il ne faut pas se polariser sur la question du transfert en pensant que tant qu’il n’y a pas de transfert, il n’y a pas de danger. Il faut rester très vigilant parce que le danger c’est la permissivité de l’action.

Nous allons aussi vers une recomposition de la carte politique. A côté de Sharon et de Nétanyou, le parti du Shass (orthodoxes religieux) et son chef Deraï gagne du terrain parce qu’ils sont les seuls à parler économie et à avoir une réelle position de droite. Israël ne peut pas être un interlocuteur au même titre que d’autres si il y a des membres du gouvernement qui parlent ouvertement de transfert. Aujourd’hui certains pensent que nous sommes revenus à 1948. Pour Eyal nous sommes revenus à 1947 et " il ne faut pas céder à la culpabilité cette fois ! ".

Maurive Rafjus, historien, a fait un rappel historique pour expliquer comment nous en sommes arrivés là. Pour lui la question du transfert n’est pas une utopie puisqu’il cite Joseph Weil qui l’évoquait déjà en 1940 : " Il n’y aura pas d’autres moyens que de transférer les Arabes vers les pays voisins.... vers l’Irak, la Syrie et la Transjordanie ".

Domique Vidal, rédacteur en chef adjoint du Monde Diplomatique, a essayé de répondre aux questions : quelle est l’analyse aujourd’hui des Accords d’Oslo ? Y a t’il des acquis pour des négociations futures à partir de Camp David et Taba ? Pourquoi et comment il y a eu échec à Camp David et Taba est une question de première importance pour aujourd’hui et pour le futur. C’est la clé de voûte pour Sharon, Barak et la " gauche qui s’est réveillée ".

Barak a attendu un an pour lancer les discussions sur le statut final. Les propositions ont alors été de couper la Cisjordanie en 4 avec le regroupement de 3 zones de colonies, laissant un flou artistique sur les colonies non regroupées alors qu’elles représentent 42% de territoire. Les propositions ne donnaient pas d’avancée sur la question de Jérusalem ni sur la question des réfugiés. Cette attitude a été une grande erreur car depuis 1988, en ayant accepté la reconnaissance d’Israël, l’OLP avait fait une grande concession en acceptant de céder 72% à Israël. Le principe général qui a présidé à ces négociations, principe retenu tant par la partie israélienne que par le " médiateur " américain rappelle celui énoncé jadis par Staline : " Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à vous est négociable ".

Il ne faut pas croire que la question du transfert est un fantasme. En effet A. Sharon passe son temps à dire que la guerre de 1948 n’est pas terminée. Il cite également Jacques Kupfer, président du Likoud en France, qui a dit le 11 août 2002 
(http://www.a7fr.com/article.php?id=444) : " nous avons affaire à une horde de barbares. Je doute qu’il y ait un autre Peuple que ces Palestiniens, ces squatters arabes en Erets Israël, capable de produire autant d’assassins prêts à tout détruire et partout. Des bus, des supermarchés, des lieux saints, des restaurants, des universités, des maisons privées, des dancing. Aucun lieu n’est épargné! Femmes, enfants, vieillards, impotents en chaise roulante, bébé dans les bras de son père, chaque Juif devient une cible. En fait, on se demande si le plus effrayant, ce sont ces bombes humaines ou ses milliers et ses milliers de salopards arabes dansant de joie dans les rues de Ramallah ou de Gaza à l’annonce d’un attentat supplémentaire. Peut-être faut-il se rendre à la seule évidence: on ne peut plus vivre avec eux si tant est qu’ils aient le droit de vivre. Ce sera donc eux ou nous. La solution tellement regrettable et irréaliste du transfert risque de devenir la seule solution praticable capable de nous apporter la sécurité et plus tard la paix. L’histoire offre toujours les opportunités pour réaliser les rêves d’une nation. Encore faut-il savoir les saisir et ne pas rater les occasions comme nous l’avons malheureusement fait en 1948 ou en 1967. Que Dieu garde nos soldats et inspire notre Premier ministre Ariel Sharon. Quand verrons-nous les funérailles du Cheikh Ahmed Yacine, que son nom soit maudit ! ". Pour Dominique Vidal il y a là incitation à la haine raciale et même au meurtre et il faut se demander à quoi sert le ministère de l’Intérieur en France.

Le Professeur Léon Schwartzenberg, cancérologue, venait répondre à la question " quelle est la répercussion du conflit au niveau mondial ". Il y a bien un brûlot au Proche Orient et un risque de foyer plus grand avec l’approche de la guerre en Irak, dont G. Bush ne semble pas mesurer les conséquences.

La situation en Palestine représente la seule colonisation encore existante. Face à l’installation des colons, les Palestiniens s’estiment en situation de légitime défense. C’est un peuple qui aujourd’hui ne sait plus où regarder, fou de misère et de malheur. Léon Schwartzenberg a cité Jean Jaurès " un peuple qui en opprime un autre n’est pas un peuple libre ". Il faut donc garder la fidélité dans l’avenir du monde et refuser un état de fait qui serait irréversible car " il est pire qu’une âme asservie, c’est une âme habituée " (Charles Péguy).

Pour Leila Shahid, déléguée générale pour la Palestine en France, on parle trop de la Palestine et d’Israël en terme de géopolitique et pas assez en terme de société.

1948 a été vécu par les Palestiniens comme un éclatement de leur corps. Le nom " Palestine " a d’ailleurs complètement disparu à ce moment. Ce n’est qu’en 1994, avec le retour de l’OLP, que la population a commencé à espérer dans la recomposition du corps éclaté. Mais il est clair que le plan de Sharon est de détruire cette recomposition (administrations, cadastre, écoles...) et donc la nation. L’acharnement depuis 21 mois à détruire est bien destiné à détruire tout ce qui permet à un peuple de vivre. La population vit aujourd’hui cette situation comme si elle revenait à 1948, c’est pourquoi elle trouve la force pour défendre le seul acquis qu’elle a obtenu en 54 ans. Il serait temps de se poser la question de combien de mouvements de libération dans le monde ont accepté de donner 78% de territoire à l’occupant.

La seconde Intifada est également très symbolique puisqu’elle représente la première résistance sur place de la population. Mais la population ressent également un fort sentiment de vulnérabilité totale face au refus international pour sa protection alors qu’on lui reproche des violences. Même une armée de caméras semble impossible. La société palestinienne a l’impression d’être lâchée et est plus en colère de l’attitude de l’Europe que de celle des Israéliens.

Aujourd’hui les Palestiniens se voient comme une société en articulation avec la société israélienne. Ils savent que les deux peuples sont liés et qu’il faut travailler avec les forces de paix. Les Palestiniens se voient également articulés avec le reste du monde en voyant toutes les visites de missions qui revendiquent une même identité humaine, qui militent pour le respect du droit et des hommes.

Daniel Mermet, journaliste sur France Inter et animateur de " là-bas si j’y suis ", s’est attaché à répondre à " pourquoi y a t’il si peu de journalistes courageux ". Pour lui, les procès qui lui ont été intentés n’étaient pas tant pour être gagnés que pour inhiber, intimider et censurer. Ces procès ne montrent qu’une dérive du débat public. La première victime de la guerre c’est toujours la vérité. La cas de Daniel Mermet n’est pas un cas isolé. De nombreux journalistes, intellectuels, artistes sont victimes de harcèlement et de chantage depuis 2 ans et ce chantage à l’antisémitisme est très grave parce qu’il y a utilisation d’un mot décrivant une horreur.

Après cette première table ronde, des militant(e)s pour une paix juste au Proche Orient ont rapidement expliqué pourquoi la Palestine les concerne.

Pour Renée Prangée, astrophysicienne (Orsay et Meudon), Israël mène une guerre coloniale. Pour elle le Proche Orient fait partie de notre civilisation et si Israël se prétend démocratique et proche de l’Europe, il est temps de le mettre en oeuvre. Elle a vu dans l'arrachage des oliviers une dimension symbolique d'une violence ordinaire. Elle boycotte les institutions scientifiques israéliennes depuis la première Intifada, tout en restant ouverte à toute coopération et échanges non officiels.

Christine Senoucci, professeur de lettres classiques à Vanves, a longtemps été marquée par le gros plan sur les chaussures des soldats égyptiens qui fuyaient l’armée israélienne en 1967. A l’époque elle a été très exaltée pour le " peuple nouveau ". Jamais elle n’avait entendu parlé de Palestiniens jusqu’à ce qu’elle parte dans un kibboutz en 1975. La réalité sur place l’a alors beaucoup surprise puisqu’elle découvrait un pays bien différent de ce qu’elle avait imaginé. Il y avait en effet beaucoup d’Arabes qui vivaient sur cette " terre sans peuple " et ces Arabes avaient l’air d’être les valets d’Israéliens conquérants, odieux et arrogants. Aujourd’hui, après des expériences d’enseignement en ZEP, elle pense qu’il y a autant urgence pour les Palestiniens que pour nous en France où on peut voir des crispations communautaires.

Robert Kissous, consultant et responsable du secteur de Suresnes, a vécu la même déception vis à vis du " nouveau peuple d’Israël ". Parti d’Egypte après l’invasion du Canal de Suez, il a découvert Israël en arrivant en France. Exalté il est aussi allé sur place où l’arrogance israélienne lui est apparue vite insupportable. Avec les Accords d’Oslo il a cru que tout était fini et réglé mais il voit qu’un constant lobbying sous-terrain détruit beaucoup de choses. Aux Maghrébins accusés de communautarisme il répond que ces derniers ne doivent pas baisser les bras parce qu’une partie de la communauté juive est tout autant communautariste. Il est très important aujourd’hui d’agir un maximum au niveau local.

Jean Charles Fouché, responsable de formation au multi-média, bien que n’étant ni juif ni arabe, revendique la légitimité humaine à s’intéresser au conflit israélo-palestinien. Le déclic pour lui a été un témoignage d’un survivant d’Auschwitz qui se souvenait du regard, du mutisme et de l’inaction des gens alors que lui et d’autres montaient dans les trains. Aujourd’hui il s’est lancé dans deux gros projets : un CD pour la paix à partir d’enregistrement d’enfants chrétiens, juifs et musulmans. Ces enfants vivent dans des orphelinats et le CD " STOP " sera vendu à leur profit. Le second projet concerne la mémoire du peuple palestinien et la constitution d’un centre d’archives et de témoignages de survivants de 1948.

Nicolas Shashahani a enfin présenté un projet concret soutenu par la CAPJPO : le soutien au fonctionnement de Radio Naplouse. Cette radio est constamment attaquée depuis le printemps, travaille sans subside avec de grosses exigences professionnelles. C’est une radio importante à Naplouse puisqu’elle a plusieurs fois joué un rôle social en annonçant en direct les résultats du baccalauréat aux élèves qui ne pouvaient pas rejoindre leurs établissements. La radio a également été un élément fédérateur dans les mouvements de désobéissance civile où parents et enfants ont bravé le couvre-feu. La radio ne se contente pas de parler uniquement du combat contre l’occupant, elle aborde aussi des sujets qui ne rencontrent pas toujours l’unanimité au sein de la société palestinienne.

A la suite de cette deuxième table ronde, il y a eu un partage d’autres expériences menées par des groupes locaux ainsi qu’un débat qui s’est axé principalement sur les questions de " la manipulation de l’antisémitisme ". Dominique Vidal a employé ce terme en expliquant que les partisans de Sharon sont sur la défensive, paniqués face au basculement de l’opinion française qui, après avoir longtemps été " pro-israélienne ", est aujourd’hui davantage " pro-palestienne " en étant favorable à 85% pour un Etat Palestinien. Eyal Sivan a rappelé la connotation interne de cette manipulation visant à mobiliser les juifs à rentrer en Israël et que le fait que les juifs de France ne répondent pas en masse panique la politique de l’état d’Israël. Enfin Leila Shahid à rappeler l’importance de la connaissance historique, la fermeté à avoir pour dénoncer les amalgames, afin d’admettre que le génocide n’a pas eu lieu dans le monde arabe mais en Europe.


Suleiman Abu Odeh
Coordinateur général
 
Association Franco Palestinienne
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de Giorgio Basile,
Président honoraire de l'AFPEC,
Coordinateur de l'AFPEC Belgique